"Je peux aider les parents et professionnels de la petite enfance à prendre de la distance avec les discours sociaux sur l'enfant"
Sociologue et professeur à l'Université de Toulouse, Gérard Neyrand est habilité à diriger des recherches en sociologie depuis 15 ans. Spécialisé en petite enfance, il a créé son propre laboratoire de recherches à Bouc-Bel-Air (13) il y a 34 ans. Depuis, il a mené pas loin d'une trentaine d'études. Présentation.
© Gérard Neyrand
Quel est votre parcours ?
J’ai lancé le Centre interdisciplinaire Méditerranéen d’Etudes et de Recherches en Sciences Sociales (CIMERSS) en 1980. J’y ai travaillé comme chercheur indépendant jusqu’en 2005, année où j’ai intégré l’Université. Dans le cadre du Cimerss, dont je suis toujours directeur, j’ai réalisé une trentaine de recherches, pour de multiples organismes (Caisse Nationale des Allocations Familiales, ministère de la Culture, Agence Nationale de la Recherche…).
Sur quelles thématiques familiales avez-vous déjà travaillé ?
J’ai travaillé sur la la place de l’enfant, la parentalité, les politiques familiales et sur les conséquences des mutations familiales, notamment en ce qui concerne les situations post séparation. Depuis une dizaine d'années je mets plus particulièrement en relief les liens étroits entre les fonctionnements privés et la dimension politique.
Pourquoi vous-êtes vous spécialisé en petite enfance ?
Ma première formation en psychologie m’a sensibilisé à l’importance de la petite enfance dans la constitution des individualités. Après avoir travaillé sur l’adolescence et la jeunesse, j’ai profité d’une proposition de la Fondation de France de travailler sur les lieux d’accueil enfants-parents pour aborder la place et le statut de la petite enfance dans la société, ainsi que les dispositifs destinés à la prendre en charge.
Ceci m’a incité, par la suite, à continuer cette approche en réalisant notamment un bilan critique au sujet de l’évolution du regard sur la petite enfance et les places parentales au XXe siècle (L’enfant, la mère et la question du père). J’ai ensuite étudié la prévention psychique précoce et l’accueil de la petite enfance (Eveil et socialisation et La place des enfants dans les modes d’accueil).
Que pouvez-vous apporter aux parents et professionnels de la petite enfance ?
Une capacité à prendre un peu de distance par rapport aux discours sociaux sur l’enfant. Mais aussi à les replacer dans le contexte social, et notamment dans celui des connaissances en sciences humaines et sociales. L'objectif est de montrer que ces discours ne sont pas neutres et demandent à être interprétés en tenant compte d’où ils sont énoncés, de qui les énoncent, et de ce qu’ils visent à produire.
Quel est votre sujet d’étude actuellement ?
Le corps sexué de l’enfant et la problématique du genre. Le but est de démontrer que celui-ci est bien une construction sociale, effectuée sur la base de la différence biologique dès le plus jeune âge. J’approfondis aussi la question de la parentalité et de sa gestion sociale (Corps sexué de l’enfant et normes sociales).
Quels sont vos projets ?
J’interviens de plus en plus dans des colloques et pour des conférences sur toute la France, en complément de mon travail d’enseignant-chercheur. C’est très prenant mais passionnant. Je souhaite aussi travailler sur un projet au sujet la sociologie de la petite enfance. Des opportunités de recherche se dessinent sur la question de la petite enfance, ses différentes formes d’accueil, sa place dans les différentes situations familiales…
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