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Le fabuleux destin des siamois

La rédaction Maminou

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C’est une prouesse médicale qu’a réussie l’équipe du professeur Yann Révillon, mercredi à l’hôpital Necker : la séparation d’Imahagaga et Imahalatsa, siamois malgaches de 8 mois . Les médecins ont présenté, hier, les bébés qui se portent bien.


On peut dire que de très gentilles fées se sont penchées sur leur berceau… Mais quand Imahagaga et Imahalatsa naissent, le 16 juin dernier en pleine brousse dans le sud de Madagascar, leur maman, qui vient de les mettre au monde toute seule, est loin de pouvoir croire au destin extraordinaire qui les attend. Les deux adorables petits garçons sont pelotonnés l’un contre l’autre et ont l’air de s’embrasser.


En fait, ils sont siamois, accrochés l’un à l’autre par le thorax et l’abdomen, reliés à l’intérieur par le foie. Dans cette famille très pauvre, c’est le désarroi. Le chef du village appelle à la rescousse l’hôpital d’Antananarivo, la capitale de l’île. Autour de ces minuscules bébés de 2, 8 kg à eux deux, la solidarité se met en place à toute allure. Même le gouvernement malgache s’en mêle. En attendant, pendant une semaine, ils restent dans les bras de leur mère, qui réussit à leur donner un sein chacun. C’est finalement la maternité Sainte-Fleur de l’Ordre de Malte qui va gracieusement les prendre en charge et les accueillir, leur maman, Anjaramey, à leurs côtés. Elle obtient le droit de s’installer dans leur chambre. Des dons pleuvent de toutes parts, du lait, des couches, des jouets… Ils deviennent la coqueluche du personnel et les infirmières se relaient avec plaisir pour les câliner. Ils vivent là à plein temps pendant sept mois, sont baptisés dans la chapelle de l’hôpital et prennent rapidement du poids.


Une opération impossible à pratiquer à Madagascar


Ne reste plus, dès lors, qu’à les séparer. Une opération impossible à pratiquer sur l’île. Mais une fois encore leurs bonnes fées, qui vont prendre la forme de l’Ordre de Malte et de Médecins du monde, vont leur tracer le chemin vers Paris et l’hôpital Necker-Enfant malades, le 24 janvier dernier, en finançant entièrement leur voyage et celui de leur mère, de leur médecin, le docteur Andriamanarivo et de Lucie, leur infirmière attitrée. Hier, elle n’en pouvait plus de sourire de bonheur : ses deux petits protégés étaient sauvés ! L’opération, exceptionnelle, s’est bien déroulée mercredi (lire en encadré). Reste à savoir comment ils vont supporter d’être ainsi libérés l’un de l’autre, eux qui n’avaient vécu qu’ensemble les huit premiers mois de leur vie. « On les garde très proches, pour qu’ils s’entendent, raconte l’équipe de Necker. Pour eux, c’est comme s’ils se retrouvaient dans un monde sans bruit ! » Avant de regagner leur village d’ici à deux mois, ils devraient donc voir un psychologue de l’hôpital. A peine réveillés, encore installés côte à côte pour ne pas tirer sur leurs pansements, mais déjà stars à travers le monde, Imahagaga et Imahalatsa, portent décidément bien leurs prénoms qui signifient, en malgache, « C’est étonnant » !

 

 

Date de parution : 06.02.2009